Busy, Léon Jean Victor, 1874-1951


Indochine, 1921-1935

Sources :

FR ANOM 30 et 31 Fi.

FR ANOM Fonds ministériels, Agence économique de la France d’outre-mer, 421, 481, 485, 524, 538, 554, 594, 823

FR ANOM Gouvernement général de l'Indochine 60111, 66709 (note du directeur des Affaires économiques au chef du Service photocinématographique) et 66785

Annuaire colonial, 1901. Annuaire de l’Armée 1905

Bibliographie :

L'Illustration, 1922. Le Monde colonial illustré, 1929-1930.

A l'ombre d'Angkor. Le Cambodge années vingt, catalogue d'exposition Musée Albert-Kahn, Paris, Vilo, 1992

Né à Paris le 19 avril 1874, Léon Busy commence sa carrière dans les troupes coloniales (1895) : il est aide commissaire en 1897 et se trouve à l’Administration des services militaires et maritimes de l’Indochine (circonscription du Tonkin-Annam) en 1901. Il fait partie du comité local d’organisation de l’exposition de Hanoi en 1902

L’année suivante, il est commissaire de 1e classe, toujours en Indochine. Pendant la 1e Guerre mondiale, il est sous- lieutenant dans les troupes coloniales au Tonkin, jusqu'en 1917. Il quitte l'armée en 1920 et travaille ensuite pour Albert Kahn, dans le cadre de la mission « Archives de la planète » (reportage sur Angkor et le Cambodge). Il retourne donc en Indochine en 1921. Il entend aussi travailler pour les autorités locales, et notamment pour le commissaire de la section indochinoise de la future exposition de Marseille : il a l'intention de visiter la baie d'Along, le palais et les tombeaux impériaux de Hué (mai 1920). Le commissaire lui passe commande pour la fourniture de 260 vues photographiques en couleur et dans trois formats différents (octobre 1920). Ces vues seront préparées soit pour être exposée, soit pour être passées à la lanterne de projection. Ses clichés sur la baie d'Along seront mis à disposition du peintre de la Marine, Louis Dumoulin, pour la confection d'un diorama. Busy est l’auteur de clichés présentés à l’exposition coloniale de Marseille (1922), et reçoit le prix Molleny. Une partie de ses clichés dont des autochromes sont publiés dans L’Illustration de 1922 (2e semestre) dans un article de François de Tessan intitulé « Les aspects intimes et pittoresques de l’Indochine », et la même année il fait un don à la Société de géographie. Il intègre le Service photocinématographique de l’Indochine où il travaille avec René Tetart. Il réalise en 1925 un reportage de 25 clichés sur Dankia (Annam), dont un exemplaire est adressé à Dalat à P. Dulac. Après la suppression du Service photocinématographique de l’Indochine, en avril 1926, on le retrouve chef de la section photographique à l’Office indochinois de tourisme et de propagande : il est donc chargé de rassembler toute la documentation photographique relative à l’Indochine qui sera présentée à l’exposition coloniale de 1931. Plusieurs photographes professionnels vietnamiens travaillent sous ses ordres dans ce but, mais de nombreux fonctionnaires coloniaux photogres amateurs. Le laboratoire de photographie générale, qui avait été rattaché à la direction des mines, par arrêté du 3 juin 1926, est placé sous l’autorité du chef du service de la propagande et du tourisme. Les services de la photographie, de la cinématographie, de publication et de la propagande fonctionnant à la direction des Affaires économiques sont intégrés au service de la propagande et du tourisme. Eckkert, le chef de l’Office indochinois du Tourisme et de la propagande, dans un rapport au gouverneur général de l’Indochine, daté de 1928, fait le point des réalisations antérieures, et notamment il précise le programme de travail de la section photographique, confiée à Léon Busy. Ce dernier doit en effet inventorier et classer la collection existante, l’entretenir et l’accroître, utiliser les clichés en exécutant des travaux pour les services publics, les particuliers. Le chef de l’office décrit ainsi l’état de la collection : lorsque M. Busy prit la direction du laboratoire, il n’existait ni inventaire, ni répertoire méthodique des épreuves photographiques réunies pendant plusieurs années. On puisait au hasard, sans méthode et parfois sans scrupule, dans le fonds documentaire. Eckert note ensuite le mauvais état de la collection, notamment pour les plaques en 13x18, les plus anciennes, qui présentent des parties altérées, qui restent humides. Il attribue ce fait aux conditions climatiques surtout, mais aussi aux mauvaises conditions de conservation. Rejoignant le jugement porté par le directeur de l’Agence économique de l’Indochine depuis Paris, il constate les lacunes considérables tant par omission de sujets que par insuffisance de valeur d’un grand nombre d’épreuves. Il trace donc un vaste et ambitieux programme de travail pour Busy : aspects généraux du pays, l’homme indigène, l’action française. Les clichés relatifs aux aspects généraux devront non seulement représenter les paysages et curiosités naturelles, mais aussi les agglomérations, les productions natureslles, les monuments et restes de civilisation ancienne. En ce qui concerne l’homme indigène, outre les clichés relatifs aux “ types divers ”, il faudra montrer l’activité sociale et privée, la vue domestique, les habitations, les manifestations et cérémonies religieuses, sans oublier les activités agricoles, artisanales et commerciales et les distractions. L’action française, c’est en réalité la mise en valeur par les grands travaux, l’assainissement, l’enseignement et les établissements scientifiques, les entreprises agricoles, commerciales et industrielles, la vie européenne. Autre critique portée contre l’action antérieure : le Tonkin serait sur-représenté par rapport au Cambodge et à la Cochinchine. L’Annam et le Laos auraient été également négligés. Cette opinion serait la conclusion d’une enquête menée à Paris auprès des représentants des établissements scientifiques, des sociétés savantes, et surtout des groupements importants, parmi lesquels sont cités le Laboratoire des pêches et industries d’origine animale, l’Office de renseignements agricoles, tout comme le Touring Club ! Et puis surtout, se profile à l’horizon la future exposition coloniale internationale, qui se tiendra à Paris en 1931. Le but est avoué : il faut montrer au public de France des vues d’une exécution irréprochable, attrayante et habile. Eckert souligne encore l’importance de la mise en scène, et de l’emploi de grands formats en 18x24. Le chef de l’Office indochinois conclut en demandant la prorogation du contrat de Léon Busy. Ce dernier reste à son poste jusqu’en 1933 au moins. Plusieurs opérateurs vietnamiens sont engagés pour aider Busy à réaliser ce vaste programme de prises de vues nécessaires à l’exposition coloniale : deux professionnels nommés Dinh Ngoc Chan et Nguyen Huy Ky (janvier 1930), un commis des services civils de l’Indochine, Thu Hoanh (mai 1930), enfin un ancien des atelier de Nadal et de Khanh Ky, nommé Dao Van Than (août 1930). Le premier est d’abord envoyé en mission à Haiphong pour un reportage, avec 150kg de matériel photographique ; sans doute donne-t-il satisfaction, car il est définitivement engagé en juillet. Un autre enfin est engagé dans l'équipe en mars 1930 : Nguyen Van Bai. Toutefois, il est en fait engagé depuis les années de la Première guerre mondiale, pendant laquelle il a rendu des services signalés, et il s’agit donc d’un renouvellement de contrat. Busy lui-même remet au chef de l’Office, en novembre 1930, 6 albums de photographies, notamment sur Hanoi (clichés pris à l’occasion de la fête de la mi-automne), sur Hué et sur Cao-Bang. Ils sont tous destinés à l’exposition coloniale. Au début de l’année 1931, le rapport d’activité de l’Office indochinois présente ainsi le domaine de la propagande : sous le nom de propagande, le Gouvernement général a entendu grouper un ensemble d’activités comprenant non seulement la propagande touristique proprement dite mais encore la réunion et la diffusion de la documentation et des informations de toute nature relative à l’Indochine. Parmi les divers moyens, à côté des tracts et brochures, on relève la participation aux foires et expositions, la vente de photographies et de cartes postales, la projection de films cinématographiques pittoresques et documentaires, et éventuellement de films à scénario ayant pour cadre l’Indochine…Outre le Guide de l’Indochine de Madrolle, une brochure illustrée sur la baie d’Along, un dépliant sur la Route Madarine, des ouvrages sur Angkor, Hué et Dalat, tous illustrés, ont été publiés. Tout cela en vue de l’exposition coloniale. La section photographique est la source de ces illustrations ; elle regroupe tous les clichés pris depuis 15 ans dans la colonie et son répertoire général méthodique en groupe plus de 50 000. Des albums et des cartons mobiles de photographies ont été déposés dans les hôtels, consulats, agences de voyage, compagnies de navigation. D’autres albums sont mis à disposition du public au siège de l’Office. Un appareil stéréoscopique Richard est mis gratuitement à disposition du public. Le gouverneur général de l’Indochine René Robin supprime l’Office indochinois, par un arrêté du 28 mars 1931, mettant ainsi fin à l'action de Busy.